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Race Across France avec Nicolas

Le départ s’est effectué sous une météo clémente, ma sœur m’a fait la surprise d’être présente pour ces ultimes préparatifs… Une profonde respiration et c’est parti pour 2550 km ! Les premiers kilomètres sont toujours un peu spéciaux, entre excitation et appréhension… La nuit tombe, il fait bon mais l’ambiance est humide. Je roule à un bon rythme tout en me laissant une petite marge. Une grosse envie de dormir me rattrape vers minuit… Je mets un peu de musique, je chante, mange car il n’est pas question de s’arrêter des maintenant ! Pas beaucoup de monde, je ne vois pas de lumières ni devant ni derrière… Vers 2h du matin je me fais rattraper par Victor, un pote à moi avec qui j’ai longtemps couru en club. Un petit arrêt cimetière pour remplir les bidons et on repart ! Arrivée au petit matin à la BV de Lizy sur Ourcq, je me ravitaille et repart vite. Je pars avant mon pote que je ne croiserai plus, il abandonnera à Bagnères-de-Bigorre suite à genoux trop douloureux… La route vers Montargis s’effectue sur des routes que je connais assez bien, c’est plat et souvent tout droit. J’appuie sur les pédales, me calent sur les prolongateurs et me mets en mode « machine ». Plus les kilomètres avancent plus il pleut fort, je suis bien mouillé et doublent pas mal de concurrents. Je rentre progressivement dans ma course en oubliant un peu « le monde extérieur ». Une trentaine de minutes pour manger à Montargis et je repars. Nous longeons le canal de Briare, c’est très sympa mais la piste est sale, de nombreuses personnes crèvent dont moi de la roue avant. La pluie s’arrête en arrivant dans le Morvan où les côtes deviennent plus longues. J’avance toujours assez bien tout en veillant à bien tourner les jambes pour limiter les contraintes sur mon genou gauche (fissure du ménisque détectée en mars et tendinite du tendon collatéral apparu en mai). Je suis très attentif à lui car c’est vraiment ce problème que je crains sur le long terme…De petits grains viennent encore nous arroser mais je continue sur un bon rythme pour rejoindre Gueugnon à 22h30 environ en profitant d’un beau couché de soleil sur les contreforts bourguignon. 620 km en 25h sont bouclés. Je mange et dors 3 heures à la BV dans un lit de camp… Ça ronfle fort lorsque je me réveille pour repartir vers 3 h du matin direction l’Auvergne…

Là encore il fait bon, je profite du calme paisible de la nuit… Quelques côtes se dressent sur le parcours au lever du jour, c’est calme, il fait un peu plus frais et je m’arrête à Lapalisse dans une excellente boulangerie pour manger un peu. La plaine pour rejoindre Clermont-Ferrand est un peu pénible d’autant plus avec un vent de face se renforçant… La chaîne des Puy commence à s’élever au loin… Et c’est parti pour une belle ascension pour rejoindre le sommet du col de la Croix Morand à 1400 m…J’ai un peu de mal à trouver mon rythme mais le soleil est encore de la partie… Le vent est vraiment très fort et défavorable sur le plateau avant d’aborder les 7 dernier kilomètres d’ascension… La fin du col s’effectue dans les nuages avec une petite pluie et la température à chuté à 5 degrés ! Je me lance directement dans la descente, courte jusqu’à Mont Dore. Je m’arrête ici une trentaine de minutes pour manger un peu car je sais qu’après je ne trouverai plus rien… Je mets mes jambières et mon imperméable car je suis frigorifié. Un chocolat chaud et café m’aideront à me réchauffer… Toute l’après-midi s’effectue sous une pluie forte, des températures basses pour la traversée du Cézallier avec une succession de montées et descentes où les jambes répondent bien…cette météo ne me dérange pas trop ! La montée du Puy Marie, plus haut col routier du Massif Central s’effectue avec une belle lumière puisque le ciel s’éclaircit. De l’autre coté le ciel est bas, la pluie recommence… Nous traversons Salers en se croyant en hiver, l’odeur des cheminées se dégagent des maisons et la dernière ascension du jour s’annonce, alors que la pluie redouble d’intensité… Malgré ce temps les nombreux troupeaux de vaches croisés ont l’air paisibles…Enfin Aurillac aux environs de 21h30. La pluie s’arrête !!!
Avant de continuer vers Figeac ou j’ai réservé un hôtel je m’arrête manger une pizza… Je m’aperçois que mon téléphone n’a plus de batterie, il ne veut plus charger car port USB humide ! Je ne peux donc pas consulter mes mails pour connaître le code me permettant de rentrer dans l’hôtel … Heureusement le gérant de la pizzeria me prête son téléphone pour joindre ma femme qui me communique le code. Celui-ci m’offre même un café avant de repartir. Il me reste 75 km jusqu’à Figeac… Les premiers kilomètres sont laborieux, encore des côtes alors que je pensais trouver une partie descendante, j’ai l’impression qu’on nous fait tourner en rond pour rajouter du kilomètres, je commence à m’énerver… J’ai chaud, j’enlève une couche de vêtement. Au détour d’un village un feu d’artifice éclate et vient rompre le silence ! Enfin la route descend, une longue partie en faux plat descendant dans la vallée du Lot. Pour les paysages je repasserai car il fait bien noir… Quelques virages se resserrent et me surprennent, je suis très attentif car il y a de la brume et la route est jonché de feuilles et de brindilles… Attention à ne pas aller au tas ! Les 20 derniers kilomètres sont plats, la pleine lune m’eclaire bien, je chante un peu et me raconte des blagues tout seul . 1h30 j’arrive à l’hôtel, le code fonctionne, je vais pour voir me doucher et dormir un peu après 410 km en 22h.

Départ de Figeac aux environs de 5h30-6h, la ville a l’air magnifique mais pas le temps pour la visite… Pour respecter mon plan de marche je souhaite arriver à Anglet vers minuit, soit 400 km en 18h… Il fait bon, un peu nuageux, nous longeons souvent le Lot avec de belles falaises où des habitations y sont nichées. Les oiseaux chantent et sa sent bon la végétation estivale ! Des brocantes aux détours de quelques villages puis le passage à St Cirque Lapoie, splendide village sur les hauteurs du Lot, il y a une belle bosse à grimper, les jambes sont bonnes… Puis quelques kilomètres plus loin pschitt ! Crevaison de l’arrière. Je perds beaucoup de temps à chercher la pointe dans le pneu mais rien ! C’est ma dernière chambre à air, après il faudra coller une rustine…En plus ma bombe de CO2 ne se vide pas bien, je dois donc gonfler à la pompe… Ça me fait les bras. Je repars un peu énervé et m’arrête pour manger à Cahors tout en passant un coup de téléphone aux enfants. Un moment de flow m’accompagne jusqu’au environs d’Agen soit environ 90 km rondement mené à très vive allure en mode TGV ! Mais tous ça n’a qu’un temps… Et l’après midi sera un peu plus laborieuse… Je m’arrête un temps dans un arrêt de bus pour manger mon sandwich pris à Cahors, il commence à faire un peu chaud, je me fais piquer par une guêpe à la gorge, je sent bien la piqûre et m’arrête pour retirer le dart et appliquer un peu de pommade…bon ce n’est que ma troisième cette année … Je retrouve Antoine sur la route, un concurrent qui terminera 5ème au final. Nous faisons un bout de chemin ensemble en roulant sur un bon rythme… Puis à 100 km de la BV d’Anglet un coup de massue sur la tête m’oblige à me poser sur un banc, manger un wrap acheté un peu plus tôt en boulangerie et fermer les yeux une dizaine de minutes. Je repars, il est 20h donc je suis dans mes prévisions… Mais la fatigue me rattrape et je ne peux pas lutter…A 80 km d’Anglet je m’arrête dans un village des Landes pas très loin de Dax, il y a un distributeur de pizza, parfait pour le resto ! Et une laverie qui me servira d’hôtel pour dormir car la fatigue m’a envahit… Je repars vers 1h30 du matin pour traverser la forêt des Landes, guette des cimetières pour remplir mes bidons quasi vide, je rationne donc l’eau…pas de cimetière mais 2 concurrents me rattrapent rompant ma solitude nocturne… Enfin les bords de l’Adour puis Baiona et Anglet vers 5h du matin !

8h départ de la BV d’Anglet ! J’ai mangé, me suis douché et changé de tenue car j’ai retrouvé mon premier Drop bag dans cette BV… Le ciel est tout bleu, il fait déjà 19 degrés, les palmiers… Bref ça sent les vacances ! Les jambes ont l’air d’avoir bien récupéré, la journée s’annonce belle… Rapidement les premières pentes abruptes du Pays Basques, je joue du braquet pour passer toutes ces difficultés mais c’est parfois vraiment ardu… 19% max, obligé de rester assis sur la selle car avec des portions de routes humides la roue arrière patine… Ça tourne dans tous les sens, c’est pas large par endroit et attention aux gravillons…les paysages sont splendides ! Il me faut 3h20 pour rejoindre St Jean Pied de Port après 60 km ! Il y a foule dans ce village où aucun resto ne sert encore à manger car il n’est pas midi… Heureusement à la sortie un food truck propose à manger et je me retrouve donc à manger une rougail saucisses… C’est ensuite l’enchaînement des cols, le premier ne porte même pas de nom ! Mais il terrible avec des ruptures de pentes incessantes… Attention aux troupeaux de vaches et moutons en liberté dans la descente ! Sieste de 15′ dans la vallée puis c’est partis pour le col de Marie Blanque, que je connais avec ses 4 derniers kilomètres à 10-11%… Avec le vélo chargé et des jambes moins fraîches cela veut dire 30 minutes d’efforts intense… Mon père et sa femme sont au sommet car ils ont leurs habitudes de vacances dans ce coin, nous nous arrêtons au bas de la descente pour manger un peu… Je décide alors de prendre un hôtel avant le Tourmalet car je me rends compte que je ne pourrai pas le passer vers minuit comme souhaité… Et plutôt que de dormir dedans en pleine nuit je me dis qu’il vaut mieux dormir avant et l’aborder frais… Je repars direction le col de Spandelles un peu plus loin, 10 km à 9%, puis la descente, il est 22h j’allume les lumières car il fait sombre…une première biche me coupe la route, puis une seconde vraiment proche celle-ci ! Prudence, je descends moins vite et voila qu’une troisième me coupe encore la route ! Décidément…. J’arrive à l’hôtel à Argelès-Gazost à 22h30 et programme 4h de sommeil pour essayer de repartir bien reposé car les prochaines nuits se passeront dehors…

Je repars de l’hôtel à 4h30 je crois. Les arrêts à l’hôtel permettent de bien dormir et de se doucher mais cela prend toujours du temps supplémentaire avec les à côtés… J’ai eu beaucoup de mal à me réveiller et cette fatigue va m’accompagner toute la matinée, je n’arrive vraiment pas à émerger… Je suis énervé car c’est beaucoup de temps d’arrêt pour au final me sentir encore plus fatiguée que la veille… Qui plus est une douleur à l’entre jambe sur le haut de la cuisse gauche m’inquiète… Un kyste assez gros et douloureux m’oblige à adapter mon assise mais cela me gêne beaucoup malgré la couche de crème étalé… C’est le genre de blessure qui peu vite s’aggraver et obliger à l’abandon… Je ne suis pas serein… Premier arrêt à Luz Saint Sauveur au pied du géant Tourmalet après déjà 15 km en faux plat montant sous une magnifique lune… Je mange un sandwich donné par mon père la veille, appel ma femme et lui fait part de mes doutes… Second arrêt à Barèges après 5 km de montée…je suis planté, je n’avance pas du tout, aucune boulangerie encore ouverte… Troisième arrêt au niveau du domaine skiable, encore 9 km d’ascension… Je m’assois à une terrasse et dort 30’… Le soleil s’est levé, la météo est parfaite et c’est une chance dans les Pyrénées ! Je repars, puis m’arrête encore une fois pour me dévêtir car la température monte aussi, le décor est minéral sur les derniers kilomètres… La vue est merveilleuse, encore 1 km de montée… J’y suis presque… Des sanglots m’envahissent lorsque j’aperçois le fameux géant matérialisant le sommet…si je connais tous les cols Alpins Français, je n’ai pas eu beaucoup l’occasion d’évoluer dans les Pyrénées et c’est une première pour ce Tourmalet pour moi… Je suis soulagé d’être parvenu au sommet mais que ce fut extrêmement difficile… La descente est un vrai régal avec des pointes à plus de 70 km/h… Puis voilà la base de vie de Bagnères de Bigorre ! Un superbe bike café . Un plat de pâtes, un petit tour à l’atelier pour régler mon frein avant, une sieste de 15′ sur un lit de camp et s’est réparti en tenue d’été car pour le coup il fait chaud… Je ne suis pas mécontent de voir le profil moins montagneux mais tout de même parsemé de belles côtes dans ce piémont Pyrénées. Je roule bien, la sensation de fatigue m’a quitté pour le moment… Une pause en croisant une épicerie pour manger du taboulé et surtout se rafraîchir après de nombreux kilomètres à traverser des villages sans aucun commerce… Je retrouve Alban avec qui j’avais déjà roulé à l’approche d’Anglet, c’est la dernière fois que je le croiserais, il terminera 10 ème…un coureur espagnol est la aussi, c’est un peu plus compliqué de communiquer mais je lui fais part de mes talents multilingue … Je continu ma route, il fait chaud, nous traversons littéralement la magnifique grotte du Mas d’Azil, c’est incroyable !!! Je mange dans le petit village de Varihles avant que la nuit tombe car j’ai besoin de prendre des calories . L’objectif de la nuit est de faire 2 pauses pour dormir et d’avancer en 2 temps pour dépasser Carcassonne… Je ne sais pas si c’est la bonne solution mais c’est mon choix et ça me permet de couper un peu le roulage de nuit… Je fais mon premier bivouac après Mirepoix vers 23h en dormant à même le sol dans un arrêt de bus pendant environ 1h30 à 2h. La remise en route est toujours difficile, les genoux tirent et m’asseoir sur la selle me fait mal… Il me faut plusieurs kilomètres pour me sentir mieux. Seul au monde sur ces routes du pays cathare il y a une belle côte à grimper avec un fort vent de côté sur le sommet… J’aperçois la cité médiévale de Carcassonne illuminé a plus de 10 kilomètres… C’est vraiment beau… Je traverse la ville déserte, quel privilège…puis je refais un stop bivouac vers 4h du matin dans un petit village. Je m’abrite du vent et trouve un recoin de maison pour dormir adossé au mur jusqu’à 5h30. Le réveil sonne, c’est difficile d’ouvrir les yeux… Je jette un coup d’oeil au classement et à la position sur la carte de mes concurrents puis repars… Petit arrêt pour remettre de la crème sur mon cuissard… Toujours aucune boulangerie d’ouverte pour manger autre chose que mes barres énergétiques et compotes de l’effort… Ce mercredi matin le lever de soleil est splendide puisque nous prenons de la hauteur sur le plateau du Languedoc… La vue va loin à l’horizon, la végétation sent bon le sud tout comme les bâtisses en pierre caractéristiques du coin… Arrêt épicerie pour manger sandwich, yaourts et d’autres cochonneries ! Mes yeux commencent à se fermer vers 10h du matin… je décide de faire une micro sieste de 10′ au pied des vignes…ça me requinque pas mal et je file à bonne allure pour rejoindre Pézenas sur les coups de 11h30-12h.